Taille gardien
Mory Diawara joue à Saint-Etienne depuis septembre 2020. Portrait
La voix d’un sage. Le regard bienveillant. Un géant (2 mètres !) bien dans son costume de gardien. A 34 ans, Mory Diawara a eu plusieurs vies, toutes mêlées au hand depuis son adolescence. Il est 18 heures en ce jeudi 17 novembre. Sur le parquet, la relève s’entraîne. Depuis son siège, à l’aise et posé, Mory se souvient, le regard fixe, droit devant lui, le regard de celui qui sait où il va. Le hand lui est tombé dessus à l’âge de 15 ans. « Le foot ne m’intéressait pas plus que ça…, dit-il. J’avais un choix à faire : le hand ou le basket. » Le déclic se fera le jour de la finale du championnat du monde féminin, en 2003. La France bat alors la Hongrie en finale. « J’ai trouvé ça fabuleux… Et puis, je cherchais un sport dans lequel il y avait une cage à défendre. » Le hand comme une évidence.
Tout commence donc à la Dyonisienne Handball, à Saint-Denis, en banlieue parisienne. « Un gardien est parti en cours d’année, je me suis porté volontaire. Pour mon premier match, j’ai pris 43 buts mais les sensations étaient bonnes. J’aimais ça… » Après trois ans d’apprentissage, le jeune Mory rejoint Aubervilliers qui lui donnera la chance de faire un essai à Ivry, club mythique de l’Hexagone. « Un grand club formateur… », se plait-il à répéter. Là, il rencontre son mentor : Daniel Hager. Une révélation. « Un jour, il m’a dit : on ne t’a pas recruté pour tes qualités physiques ou techniques car tu es nul… Mais je vais te détruire pour mieux te reconstruire. » La sévérité du coach fonctionne : A Ivry, le gardien sénégalais joue deux matches de coupe d’Europe et quatre rencontres de D1. Angers le repère et la belle histoire continue. « J’ai gagné du temps de jeu au poste de deuxième gardien. Après, je suis parti à Rouen mais le projet, qui était beau à la base, n’a rien donné. » C’est sous le soleil d’
Ajaccio que le Francilien rebondit. Trois ans de bonheur au niveau semi-professionnel.
« J’aimerais partager mon expérience »
En septembre 2020, Mory Diawara pose ses valises à Saint-Etienne. Dans les buts bien sûr. Ce poste l’anime comme au premier jour. « Cela reste un poste ingrat mais moi, ce que j’aime, c’est que c’est un sport individuel dans un sport collectif. Il faut aimer être solitaire et savoir dompter une grosse pression mentale. J’ai toujours aimé protéger quelque chose… Ce poste était fait pour moi. Il ne suffit pas de jeter son corps, la réflexion tactique, la concentration, et l’anticipation sont nécessaires pour réussir dans les buts. » Et monter en Nationale 1, objectif avoué du club forézien cette saison.
L’aventure handball, Mory Diawara la prolongera tant qu’il le pourra. « Je me sens vraiment très, très bien physiquement… Je ne me donne pas de limites. Je joue au hand depuis près de vingt ans maintenant. » Ce parcours-là, il ne le changerait pour rien au monde. « Je n’ai aucun regret… A chaque fois que j’ai pris une décision, je l’ai fait en mon âme et conscience, en fonction de l’état d’esprit du moment. » Celui qui a participé à trois Coupe d’Afrique des Nations avec le Sénégal se verrait bien encadrer de jeunes gardiens à l’avenir. « Franchement, je conseille à tous les jeunes de faire du handball. C’est un sport dans lequel il y a une vraie complicité, une vraie convivialité. Il y a un réel échange avec les joueurs de l’équipe Une. J’aimerais partager mon expérience. » Quoi de mieux qu’un sage pour apprendre ?
Xavier CERF